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PICOUNOC LE MAUDIT.

colonnes avec des fuseaux. Et pendant qu’elle s’amusait ainsi, les deux vauriens causaient.

— Tu l’as donc toujours aimée cette femme ? demandait le bossu.

— Toujours, depuis que je la connais.

— Et tu en as épousé une autre cependant ?

— Avec raison, puisque je suis veuf.

— Farceur, tu fais du mystère.

— C’est mon fort.

— Et tu es devenu veuf si tôt !

— Elle se fait prier depuis vingt ans. Si je ne commençais le siège que d’aujourd’hui, où cela me mènerait-il ? j’aurais les cheveux blancs quand j’entrerais dans la place…

— Drôle ! va, dit le bossu, lui tapant sur l’épaule, tu es si fort que cela ?…

Picounoc se gourma : Silence, dit-il ; à la finesse du renard il faut unir la prudence du serpent.

— Mais deux d’un coup ! allons donc ! son mari et ta femme ?…

— Jamais je ne pourrai refaire la tour de Babel avec ces rouleaux, dit la folle, c’est décourageant ; comment monter au ciel ?