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PICOUNOC LE MAUDIT.

donc ! on n’est plus à l’âge des illusions. Elle s’incline vers moi, elle penche, elle penche, comme… n’importe ? je ne suis pas un poète, moi, pour faire des comparaisons. Si Victor son garçon peut monter de Québec maintenant, il la fera bien se décider, lui ! Il m’aime, ce Victor ; il me considère comme un père !… Oh !… je sens que je l’aimerai, cet enfant ; je le protégerai, je le pousserai dans le monde. Il faut bien, après tout, qu’on répare un peu le dommage fait au père… On est chrétien ou on ne l’est pas. Pauvre Djos ! lui qui aimait les bons tours, je ne sais pas comment il prendrait celui-là, s’il savait le fond de l’affaire. Qu’il dorme en paix dans les cendres de sa grange, j’aurai bien soin de sa veuve.

C’est en se parlant ainsi à lui-même que Picounoc arriva chez son ami le bossu.

— Les affaires avancent-elles ? dit celui-ci.

— Pas vite. Le plus sûr moyen de vaincre sa résistance, je crois, serait de faire vendre la terre. Quand Noémie se verra dans le chemin elle se montrera plus accommodante.

— Je suis prêt, dit le bossu.

— Je l’achèterai, moi, reprit Picounoc ; tu ne me nuiras pas ?