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PICOUNOC LE MAUDIT.

que tu n’es pas né dans les bois, et que tu es un enfant des peuples civilisés, au nom de la mère qui t’a donné le jour, rends-moi donc la liberté, et jamais, je le jure, je ne ferai rien contre la tribu qui t’a choisi pour son maître.

— La mère qui m’a donné le jour a bien eu tort, répondit, en français, le chef un peu surpris — et toi, tu as eu tort aussi de tomber entre mes mains.

— Pourquoi cette vengeance ? je ne t’ai jamais fait de mal.

— Si ce n’est pas toi, c’est quelqu’un des tiens.

— Comment ? mais il y a une justice.

— Une justice ! oui ! au bout de ma carabine. Ah ! je l’ai juré que je me vengerais ! et je voudrais bien que tous ceux à qui je garde rancune passassent à la portée de mon bras !… N’importe ? en attendant, puisque ceux que je déteste ne viennent pas jusqu’ici chercher leur punition, je m’assouvis sur les imprudents qui, comme toi, tombent dans mes filets.

— De quelle place viens-tu ? chef.

— Cela ne te regarde en rien.