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PICOUNOC LE MAUDIT.

ses fonds. Le commerce a ses exigences, Madame, vous le savez, et si l’argent est nécessaire à quelqu’un, c’est bien au négociant ?

Noémie soupira profondément.

— Si vous l’aviez voulu, Madame, continua Picounoc, si vous le vouliez encore, vous seriez à l’abri de ces épreuves qui vous accablent, à l’abri surtout de la rapacité de ce vilain bossu. Un deuil de vingt années doit être assez long. Vos parents et vos amis seraient heureux de vous voir accepter enfin un protecteur et un appui ; et, si vous n’en voulez pas pour vous même, que ce soit pour votre enfant.

— Il sera reçu avocat bientôt, et pourra, je l’espère, conquérir une place au soleil, dit Noémie.

— Songez, Noémie, que c’est à moi qu’il devra la position qu’il est destiné à occuper dans le monde ; le bossu, si je ne l’avais conseillé, ne vous aurais jamais prêté un sou.

— Je le sais.

— Si j’avais eu de l’argent, je vous en aurais fourni de grand cœur et sans garantie ; je n’aurais pas eu recours à ce colporteur qui vous met dans le chemin aujourd’hui.