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PICOUNOC LE MAUDIT.

moutarde et chien-dent, remplacent l’avoine et le blé ; les pacages sont nus et les animaux sont maigres. Pourtant la veuve infortunée n’a épargné ni son temps, ni ses peines. Elle a demandé les meilleurs serviteurs et n’a pas regardé au paiement. Une sorte de fatalité l’a poursuivie, et, malgré son travail et ses économies, elle est devenue d’année en année plus pauvre et plus malheureuse. Nous saurons bientôt comment cela s’est fait.

Picounoc entra. La jeune fille se leva pour lui présenter une chaise, et la navette fut déposée sur l’étoffe. Noémie accorda un sourire triste au visiteur qui s’approchait d’elle.

— Je voudrais vous dire quelques mots, Noémie, fit le veuf.

— Entrez ici, monsieur.

Tous deux passèrent dans la salle voisine, et s’assirent sur un sofa de bois peint en bleu.

— Pauvre Noémie, commença Picounoc, d’un air affligé, avez-vous des nouvelles ?

Noémie pencha la tête et pâlit.

— Le bossu entendra-t-il raison ? Il m’a assuré, déjà, qu’il éprouverait un dommage énorme s’il ne rentrait immédiatement dans