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PICOUNOC LE MAUDIT.

Ils se disaient en eux-mêmes : quand le jour paraîtra, les chasseurs sortiront de leurs retraites, car ils nous jugeront loin d’ici.

Une ligne de feu parut à l’horizon, du côté de l’Orient, et des rayons de flamme, sortis d’un centre commun, s’élancèrent dans le ciel en se développant comme un immense éventail. La cime des bois parut tressaillir sous les caresses de la lumière, et les feuilles prirent une teinte radieuse. Quelques oiseaux chantèrent, et leurs notes joyeuses se répétèrent au loin. La brise devenait silencieuse à mesure que le soleil montait au firmament et que les oiseaux chantaient.

— Battefeu ! Je donnerais trente sous pour le moindre gibier, dit Baptiste… j’ai faim.

— Chut ! pas un mot, attendons le jour. Si quelques uns des sauvages sont cachés dans les environs ils s’éloigneront alors, croyant que nous ne sommes pas ici.

Quelques heures s’écoulèrent et rien, excepté les cris des pique-bois (piverts) et des écureuils, ne vint troubler le calme de la solitude. Le chef des Couteaux-jaunes sortit lentement de sa cachette, sans faire bruire les