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PICOUNOC LE MAUDIT.

chef, ils semblaient attendre ses ordres. Déjà les cimes de la forêt se noyaient dans les vagues sombres de l’air, et le vent qui venait de s’élever faisait un grand murmure parmi les rameaux.

— Les deux chasseurs se sont arrêtés non loin d’ici, dit, à voix basse, le chef à ses guerriers, car nous n’entendons plus le bruit de leurs pas ; il faut leur montrer que les enfants des bois sont aussi fins qu’eux ; restons ici plusieurs, cachés sous la forêt ; soyons muets et attentifs, pendant que les autres guerriers vont s’éloigner, en criant, comme s’ils retrouvaient leur trace.

À ces paroles succède un long cri de joie, et la troupe obéissante s’élance dans la forêt.

— Nous sommes sauvés, Paul, dit Baptiste à voix basse.

— Peut-être, Baptiste ; mais ces sauvages sont rusés.

— Allons-nous descendre ?

— Pas maintenant ; attendons.

— Batiscan ! j’aimerais mieux un lit de plumes que ces branches noueuses.