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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Pierre, tiens la femme !

Pierre Robitaille saisit la malheureuse et la tint comme si elle eut été fourrée dans un étau.

— Bon ! continua le grand-trappeur, maintenant ça va aller ! Jongleur maudit, dit-il, il faut que tu délivres, à l’heure même, cette femme du sort que tu lui as jeté.

— Je ne lui ai pas jeté de sort… Elle m’aime, est-ce ma faute ?

— Pas de paroles inutiles ! Je t’étrangle comme un chat ! Enlève le sort ! entends-tu ?

Le jongleur tremblait, car il savait que le grand-trappeur ne badine pas, et qu’il l’étranglerait bien en effet…

— Je ne suis pas capable, balbutia-t-il.

— Pas capable ? tu n’es pas capable ? Mille noms ! on va voir…

Et, saisissant les deux poignets du jongleur dans sa main gauche, il les broya. Le jongleur poussa un cri féroce.

— Ferme ! animal, dit le trappeur, et mets-toi à genoux.

Le jongleur obéit.