Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
PICOUNOC LE MAUDIT.

elle est bête !… Si j’allais perdre la terre !… et les chevaux ! et les bêtes à cornes !… Vite, un brin de toilette et filons !

Après ce monologue, Picounoc laisse tomber sa gratte dans l’allée, entre, se passe un linge trempé sur la figure, un peigne dans les cheveux, met un col blanc, une cravate rouge et tout ce qu’il faut pour être faraud, puis il part à pied. Il marchait vite. Quand il fut au bas de la route, il vit se dessiner, sur le coteau, vers le milieu, la silhouette d’une femme qui descendait. Bientôt la distance entre cette femme et lui fut courte, et il reconnut Aglaé. De son côté la jeune fille avait vite reconnu le grand et sec gaillard qu’elle adorait. Elle baissa la tête et simula une tristesse profonde.

— J’allais au devant de toi, Aglaé, dit Picounoc en souriant.

La bonne fille leva sur lui un regard plein de reproches.

— Allons ! tu n’es pas gaie, ce soir ; conte moi ton chagrin, ma belle, tu sais que j’aime à te consoler, continua le cynique garçon.

— As-tu vu Paul Hamel ? demanda Aglaé.