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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Elle ne reviendra plus, je l’ai tuée, répliqua Djos d’une voix sombre… et moi !… vous ne me reverrez jamais.

Il sortit. La petite José-Antoine, effrayée, courut chez ses parents, tenant l’enfant dans ses bras, et raconta ce qu’elle venait d’entendre.

Picounoc, tout troublé, n’aperçut pas, en entrant dans sa maison, Geneviève, la folle, assise au pied du lit et la tête appuyée sur le poteau tourné qui supportait les rideaux. Il se dirigea vers la cheminée, alluma sa pipe, mit sa tête dans ses mains et parut réfléchir. Geneviève ne bougea pas.

Il semble au chercheur d’aventures qu’il pourra toujours expliquer raisonnablement sa présence en tel lieu et à telle heure, alors qu’il est animé du désir d’atteindre un but ; mais souvent, quand le but est atteint, et que la convoitise n’aveugle plus, il s’aperçoit qu’il n’a pas songé à tout, et que plus d’un détail peut le compromettre. Picounoc songeait qu’il n’était pas naturel de dire qu’il se trouvait, à neuf heures du soir, dans son jardin, à causer avec sa femme, comme si les ténèbres