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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Tiens ! mets-le sur tes épaules…

— Djos ne le verra pas, il fait trop noir.

— J’allumerai une allumette exprès, à un moment donné… Tu ne me parleras pas, mais tu feras de gros soupirs… Je t’appellerai Noémie, je t’embrasserai… Oh ! comme il sera bien joué, le pauvre fou ! et c’est assez de cela pour le guérir.

Aglaé s’enveloppa, souriante, dans son magnifique châle et suivit son mari au jardin.

— Je t’aime ! disait Picounoc en passant sous les arbres ombreux.

La brûlante déclaration fut suivie d’un profond soupir… Les rameaux s’agitaient au passage des amoureux, et, quelques fruits mûrs, pommes et prunes, roulaient avec un bruit léger sur le gazon.

Djos avait un poids énorme sur la poitrine — c’était le poids de la douleur et de la colère — il râlait comme un moribond ; une sueur froide mouillait ses tempes.

— Asseyons-nous ici, dit Picounoc, l’herbe est touffue et molle, ô ma douce Noémie.

Djos eut envie de pousser une clameur, le