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douce et candide créature. Et Marguerite, assise rêveuse dans la fenêtre, se disait aussi :

— Ne viendra-t-il plus ?… croit-il donc que la faute de son père a flétri son front noble et pur ?… Ah !… notre union n’est peut-être plus qu’un doux rêve envolé ; mais je l’aimerai toujours… Et, comme elle s’abandonnait à ces pensées de tristesse et d’amour, elle le vit venir. Il marchait la tête penchée, et ses pas semblaient enchaînés au sol, tant ils étaient lents et indécis. Il arriva. Marguerite le salua avec un sourire de pitié :

— Ton père est-il ici ? demanda le jeune homme tout craintif.

— Non, répondit Marguerite, il est allé à la rivière du Chêne.

— Tant mieux ! nous allons encore passer une heure ensemble.

— Hélas ! nous n’en passerons peut-être pas souvent désormais !…

Il entra et vint s’asseoir aux côtés de son amie.

— Quel malheur vient de fondre sur nous ! commença-t-il… et où cela va-t-il s’arrêter ?…