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cablé, le pria de rester auprès de sa mère pour la consoler.

L’huissier amena chez lui son prisonnier et le fit garder à vue jusqu’au matin. Il s’efforça, par de bonnes paroles, de faire oublier les rigueurs nécessaires de sa profession. Joseph Letellier avait trop souvent vu la mort en face pour trembler quand elle le menaçait de loin. Il répondit aux excuses de son geôlier en s’informant, avec un certain air de curiosité, des personnes de la paroisse qu’il avait connues autrefois. Les peines des uns et les succès des autres parurent l’intéresser beaucoup plus que sa propre situation. À dix heures il fut conduit devant le juge de paix. Picounoc était rendu, et Victor ne tarda pas à arriver. Le bruit de cette arrestation se répandit vite, et la maison du juge de paix se remplit de curieux. Il était plaisant d’entendre les remarques que faisait chacun, à demi-voix, car nul ne voulait être entendu de l’accusateur ou de l’accusé.

— Ce pauvre Picounoc, disait l’un, il a bien raison d’être furieux, se voir ainsi couper l’herbe sous le pied !…