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leur dessein. Naskarina, honteuse de se retrouver parmi ceux qu’elle avait trahis, irritée de voir ses projets déjoués par la Providence, demeurait fidèle au renégat, et l’encourageait dans sa révolte contre les hommes de la prière. Elle s’aperçut bientôt qu’elle n’arriverait pas à son but en se montrant si franchement méchante, et elle résolut de déguiser sa noirceur sous le voile de la vertu. Il y avait un mois que les indiens avaient dressé leurs tentes autour du fort Providence. On était au milieu d’août, la plupart des sauvages allaient se rendre dans le fort pour la grande fête de l’Assomption. Mais, avant de partir, les guerriers s’assemblèrent pour élire un chef commun. On tira au sort pour savoir dans quelle tribu il serait choisi. Le sort favorisa les Litchanrés.

— Nous nous soumettons, dirent d’une voix un peu triste plusieurs Couteaux-jaunes…

— Vous êtes des lâches ! gronda le Hibou-blanc.

— Oui, vous êtes des lâches, répéta Naskarina.

— Nous sommes fidèles à notre parole, répondirent les Couteaux-jaunes qui s’étaient soumis à l’arrêt du sort.