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— C’est lui qui a conseillé ma mère de me faire donner une éducation classique, reprit Victor, et, n’eût-il fait que cela, je voudrais l’aimer toujours…

— Est-ce lui qui a payé votre éducation ? demanda le grand-trappeur.

— Non et oui. Ma mère a payé d’abord, et pour cela elle s’est imposé bien des privations, et elle a emprunté beaucoup d’argent… Si bien, qu’à la fin ne pouvant plus rembourser le prêteur, qui était ce marchand bourru que nous avons vu sur sa galerie, à la rivière du Chêne, elle dut voir notre terre décrétée et mise en vente.

— Décrétée et vendue par le shérif ? fit l’étranger tout surpris.

— Oui, monsieur, continua Victor… Mais une douce surprise nous attendait… M. Saint Pierre — celui qu’on surnomme Picounoc — achète la terre et nous la rend pour un merci.

— Dites pour la ravoir quelques jours plus tard avec la main de la femme qu’il aime, affirma d’une voix sourde et menaçante l’étranger…

— C’est vrai, fit le jeune avocat…

— Je vois plus d’égoïsme que de générosité