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Noémie, après être demeurée un instant pensive, éclata tout à coup en sanglots. Elle venait de comprendre comment, en effet, son mari qui était jaloux, avait pu tuer la femme de Picounoc, croyant se venger des infidélités imaginaires de sa propre épouse ; mais elle n’osait croire encore qu’il pût entrer tant de malice et de fourberie dans le cœur de Picounoc. Et pourtant, elle était si heureuse de pouvoir alléger la faute de son mari ! Victor lui demanda d’une voix basse, comme s’il eût craint d’être entendu ou d’offenser son père :

— Mère, dites-moi, s’il vous plaît… papa était-il jaloux ?… Les pleurs de Noémie redoublèrent, et c’est avec peine qu’elle répondit.

— Oui, mon fils, et j’ignore pourquoi, Dieu sait que je n’ai rien à me reprocher…

— Et quel était son meilleur ami ?

— C’était Picounoc…

— Mon Dieu ! fit le jeune avocat ! serait-il donc possible !

Il avait à peine achevé ce cri, qu’une ombre apparut dans la porte entrouverte : c’était le grand-trappeur.

— Je suis content de vous voir, dit vive-