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eut arrêté ses tourbillons étourdissants, la foule anxieuse entoura de nouveau le conteur.

— En vous parlant de Racette, le renégat, je vous ai nécessairement parlé du grand-trappeur, son plus mortel ennemi, reprit le chasseur.

— Oui ! oui ! monsieur !

— Ça, c’est un homme ! par exemple, exclama le violonneux.

— Oui, messieurs, c’est un homme, reprit l’étranger, mais c’est un homme malheureux ; c’est un homme qui doit avoir quelque profond chagrin. Il ne rit presque jamais ; mais il pleure souvent. Il ne nous avait jamais révélé son nom avant l’incident dont je vous ai parlé, il y a un instant ; incident qui eut pour effet de démasquer le Hibou-blanc et de nous apprendre son vrai nom. Cependant le grand-trappeur parcourt en tous sens, la carabine sur l’épaule et les pistolets à la ceinture, depuis plus de vingt ans, les régions désertes et glacées du nord. Il est l’ami de tous les chasseurs, et sa force, sa douceur, son agilité, en font un compagnon bien précieux. C’est notre maître à tous. Il parle peu et paraît toujours absorbé dans de sombres pensées. On