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depuis vingt ans il ne s’est guère assis à une table pour manger.

— Soyez sans inquiétude, monsieur, répondit Picounoc, et faites comme si vous étiez chez vous dans les bois. On connaît la force de l’habitude…

Tous les jeunes gens avaient les yeux sur l’étranger, s’attendant à le voir prendre les côtelettes de mouton avec ses mains pour les déchirer à belles dents. Grand fût leur désappointement quand ils s’aperçurent qu’il savait couper sa viande avec son couteau et la porter à sa bouche avec sa fourchette. Lorsque l’estomac fut lesté, et que l’on fut arrivé du ragoût aux croquignoles, en passant par les pâtés et les tartes, on se mit à chanter. La chanson, aux repas de la campagne, remplace le discours, et elle le remplace avantageusement. La chanson égaie tout le monde et celui qui la chante, au contraire du discours qui embête celui qui le fait autant qu’il ennuie ceux qui l’écoutent. Le grand-trappeur chanta une chanson Montagnaise — car la langue montagnaise est la langue généralement parlée par les diverses tribus du nord-ouest. Personne