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lante et plus riche que la grosse gerbe de blé. La charrette, sous son pesant fardeau, faisait crier ses bers et craquer ses roues, dans les ornières ou les rigoles. Mais l’essieu étant neuf et en bois de merisier, on voguait sans peur.

La grosse gerbe fut dépouillée de ses oripeaux et jetée dans la tasserie avec les autres plus humbles, en attendant le jour terrible où le fléau du batteur la frappera sans merci, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une paille informe, et que le dernier grain de blé reste sur le plancher de l’aire.

Les jeunes gens entrèrent dans la maison. Pendant que Picounoc dételait son cheval, Jean Tiston son voisin l’aborda.

— Bonjour ! Picounoc.

— Bonjour ! Tiston.

— Pourquoi Narcisse, ton garçon, n’est-il pas venu ? demanda Picounoc.

— Il arrive de St. Édouard, et je viens te dire cela. Pour raccourcir son chemin, il a passé à travers les champs depuis le côteau de la route de St. Charles, et il a vu une espèce de fou à genoux sur le bord du ruisseau, près des débris de l’ancienne cave, sur le