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Bertrand qui rendit la politesse avec un plaisir nullement déguisé.

Puis l’on ramena les moutons, et l’on courut à perdre haleine autour de la gerbe précieuse, en chantant avec force et volubilité.

Ram’nez ! ram’nez ! ram’nez, belle,
Ram’nez vos moutons des champs !
Ram’nez ! ram’nez ! ram’nez, tous,
Ram’nez vos moutons des loups !

Et cette jeunesse fit bien d’autres danses et bien d’autres jeux naïfs et innocents. Les bois voisins retentirent longtemps des cris de joie et des chants populaires. On eut dit que, plus loin, sur les écores du ruisseau, d’autres chœurs éveillés chantaient, riaient et dansaient autour d’une autre gerbe de grain. C’étaient les échos qui prenaient part à la fête.

Picounoc alla chercher une voiture pour transporter la gerbe dans la grange. Il garnit le harnais de fleurs de toutes sortes et de rubans de toutes couleurs. Le cheval hennissait et secouait la tête avec une évidente vanité. La gerbe fut mise debout au milieu de la grande charrette, et les jeunes gens s’entassèrent autour pêle-mêle, formant une gerbe plus bril-