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tation ; c’était Gaspard Tintaine, un jaloux du grand St. Charles, qui boudait Marguerite parce qu’elle ne l’avait pas assez regardé l’autre soir. On ne s’apercevait guère de son absence. Les poètes font bien la nomenclature de leurs guerriers imbéciles qui vont s’entr’égorger au profit de l’orgueil et de l’ambition, pourquoi ne nommerais-je pas les jeunes gens éveillés qui sont venus chez Picounoc prendre part à une fête charmante qui s’en va, hélas ! avec les bonnes années ?

L’on vit arriver, à la porte du riche cultivateur, les rivaux empressés. L’un était monté sur le siége léger d’une petite charrette aux ressorts d’acier ; un autre se carrait dans une calèche antique ; un autre, plus fier, descendait d’un coquet buggy. Et les chevaux étaient habillés de harnais luisants. On voyait des boucles blanches partout : à la bride, aux rênes, aux guides, aux porte-fers, et des clefs argentées ! et des pompons rouges ! et des pompons bleus ! Le bonhomme Auger qui les vit arriver s’écria en secouant la tête :

— Pauvres jeunes cavaliers ! souvent, quelques années après leur mariage, on les voit encore, mais leurs chevaux sont devenus