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Deux ans se sont écoulés. Victor, sur la voie de la fortune et de la gloire, vient d’arriver à la maison paternelle. Le grand-trappeur, Noémie, l’ex-élève et le vieux Asselin font la partie de quatre sept, et s’amusent comme seuls peuvent s’amuser des chrétiens qui ont la paix et l’amour de Dieu dans la conscience, et de l’or dans leur bourse… Victor apporte une lettre de Marie Louise, la sœur St. Joseph du fort Providence. Les cartes restent pêle-mêle sur la table, et les oreilles attentives ne perdent pas un mot. Or voici ce que dit cette lettre, et ce sera la dernière page de mon livre.


Mon cher grand-trappeur,


Je te donne, frère, ce nom que répéteront longtemps nos solitudes immenses ; il doit être doux à ton oreille comme il l’est au cœur des pauvres Indiens…

La religion porte, de plus en plus loin, son flambeau divin dans les régions naguère plongées dans les ténèbres, et son œuvre de miséricorde et de paix ne s’arrêtera que lorsqu’il n’y aura plus d’âmes à sauver. Nos saints missionnaires semblent redoubler de zèle et