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attentivement. Ô jugement de Dieu ! on reconnut le châle qui avait dû envelopper sa victime. Il y avait vingt ans qu’il était là. Ce n’avait pas été, en effet, selon la parole de la tireuse d’horoscope, la main d’un vivant qui l’avait retiré du puits.

Marguerite fut longtemps à se remettre de ce coup terrible. Cependant elle ignorait, la pauvre enfant, l’horrible mystère de la mort de son père. On s’était fait un devoir de lui cacher cette honte. Elle vit son jeune ami Victor et ne rougit pas, inconsciente qu’elle était du crime de sa race. Elle s’applaudissait d’avoir été délivrée du bossu. Il venait de mourir sur le gibet.

C’est le temps de dire que l’ancien docteur au sirop de la vie éternelle était devenu bossu à la suite du coup de rame qui lui avait été infligé — les lecteurs du Pèlerin s’en souviennent — sur la grève du Château-Richer, lors de l’enlèvement de la petite Marie-Louise. Ferron, conduit au pénitencier avec son compère Racette le maître-d’école, s’était enfui au bout de deux ans, avec le même complice, en tuant l’un des gardiens. La femme Asselin, la