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Rien d’étonnant, la malédiction d’un père, c’est la malédiction de Dieu, et la malédiction de Dieu, c’est la mort !… Mais le ciel ne pouvait pas perdre à jamais un homme qu’il venait de protéger si hautement. L’accusé, vous le savez, c’est le Pèlerin de Sainte-Anne, c’est cet homme qui, jeune encore, contrit, repentant et humilié, fut guéri miraculeusement en présence d’une foule de personnes, dans le sanctuaire de Notre Dame de Beaupré !… Voilà, messieurs, un gage magnifique de l’innocence de l’accusé, car cela prouve qu’il était devenu vertueux, et qu’il ne pouvait, en conséquence, commettre le crime dont il est accusé, que par une erreur fatale, comme l’erreur dans laquelle il est tombé par les machinations de Picounoc. Cependant, messieurs les jurés, le miracle de Sainte-Anne n’est pas plus éclatant que celui qui s’accomplit sous vos yeux ; car tout le monde reconnaîtra l’intervention divine dans ce procès tristement célèbre. Et l’on dira que cet homme, heureux après tout, le Pèlerin de Sainte-Anne ou l’accusé, a été deux fois sauvé par un miracle.

Victor paraissait transfiguré, et ses yeux étaient mouillés de larmes.