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ont dénoncé Ferron, Ferron ! un échappé du pénitencier qui se cachait, riche et redouté sous un nom volé, le nom de Chèvrefils. Ils ont de plus déclaré — et ces hommes sont sans doute bien informés — ils ont déclaré, ce que nous savions déjà, que Ferron est l’ami et l’instrument de Picounoc. Voilà comme cet enchaînement extraordinaire de faits ou de témoignages nous conduit infailliblement au vrai coupable.

Je me résume. À qui le crime a-t-il bénéficié ? À l’accusé qui aimait sa femme jusqu’à la jalousie, ou à Picounoc qui haïssait la sienne, même avant de l’épouser ? À l’accusé qui ne demandait qu’à vivre en paix dans son foyer béni, entre sa Noémie douce et fidèle et son enfant au berceau, ou à Picounoc qui portait un œil lubrique sur une autre femme et voulait parvenir à en faire sa femme légitime, sachant bien que la vertu de cette créature était inébranlable ? En devenant libre Picounoc avait fait un grand pas vers le but qu’il convoitait ; mais une autre personne restait enchaînée à ses devoirs, fidèle à ses serments, c’était Noémie la femme désirée. Il fallait donc qu’elle fut libre elle aussi.