Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour opposer, comme le font les hommes, force contre force, pensées contre pensées. Il laisse se glisser un futile oubli parmi toutes les grandes idées savamment combinées, et l’édifice que l’architecte du mal admirait avec orgueil s’écroule soudain. Ainsi Picounoc a tout prévu, jusqu’à la lumière dont il faudrait s’éclairer dans le jardin, et, pour donner plus de poids à sa parole, il feint même d’avoir oublié le fanal dont il s’est servi, et il jure que la chandelle de ce fanal a brûlé pendant quinze ou vingt minutes. Mais voilà où la Providence qui veille sur les justes l’attend. Dans son trouble le malheureux n’a pu songer à tout : il n’a peut-être pas même ouvert le fanal, il l’a peut-être porté dans le jardin après le meurtre… quoiqu’il en soit, le mensonge est là, et le mensonge suffit à défaut de toute autre preuve, pour attirer sur la tête de celui qui l’a proféré, en prenant le nom de Dieu à témoin, les châtiments les plus terribles. La chandelle du fanal n’a pas été allumée, et, après vingt ans, vous la voyez encore avec sa mèche blanche que la flamme n’a jamais touchée. Un témoin dit qu’il a ramassé le fanal et l’a donné à Geneviève la