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glorifie de partager avec l’époux les faveurs de la femme qu’il a détournée de ses devoirs ? Il arrive qu’un homme plonge le poignard dans le cœur de sa maîtresse, mais ce n’est que lorsque cet homme est ou doit être le premier ou le seul aimé, et croit avoir des droits sur cette femme qui le trahit tout à coup. Mais ici, rien de cela ; et quelle différence ! L’accusé aimait sa femme… il l’aimait passionnément ; il l’aimait de l’amour le plus jaloux, vous le savez. Et quand a-t-on vu un homme ainsi jaloux avoir, à la fois, deux amours également violentes ? Et quand a-t-on vu un homme jaloux devenir infidèle par habitude ?… La jalousie peut pousser à l’infidélité, mais c’est la vengeance qui est le principal motif, et si l’infidélité persiste, la jalousie s’apaise nécessairement. Or, ici la jalousie est restée jusqu’au dernier jour dans l’âme ulcérée du malheureux accusé. Donc il aimait sa femme et n’en aimait pas d’autre de la façon que l’on voudrait faire croire.

À qui donc le crime profite-t-il ? Qui pouvait gagner quelque chose par la mort d’Aglaé ? Son mari ? Non, s’il l’aimait, oui, s’il ne l’aimait pas. Car une femme que l’on hait est un fardeau bien