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axiôme le voici : À qui profite le crime ? En effet, l’on ne commet point un crime pour le plaisir de le commettre ; c’est-à-dire que le crime n’est pas un but, mais un moyen : le moyen d’arriver à la satisfaction d’une passion ; et toutes les passions se réduisent à deux, la haine et l’amour. Dans l’affaire qui nous occupe, on cherche en vain la haine. La victime et l’accusé avaient toujours vécu comme de bons et honnêtes voisins, quoiqu’en ait dit Saint-Pierre dans son témoignage intéressé. Et la défunte n’a-t-elle pas avoué elle-même à madame Letellier, que les bruits que l’on faisait courir sur le compte de Joseph étaient faux et calomniateurs ; et qu’il n’avait jamais manqué de respect envers elle. Et puis ce jeune homme qui venait d’être l’objet d’une immense faveur du ciel, l’objet d’un miracle, pouvait-il tout à coup devenir si profondément méchant, que de tuer une femme qui lui aurait donné un soufflet ? Est-ce donc la satisfaction de l’amour ? Pas davantage. Supposez, — ce qui n’est pas, — qu’il ait aimé la défunte, pourquoi l’eut-il assassinée ? Pour qu’un autre homme ne la possédât point. Mais ne sait-on pas, hélas ! qu’un libertin se