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— Sa femme veuve ? me dit le grand-trappeur qui pleurait.

— Et oui, depuis vingt ans.

— Tu te trompes ! qu’il ajoute en secouant la tête, Djos a tué sa femme dans un moment de folle jalousie.

— Il ne l’a pas tuée, puisque je l’ai vue il y a cinq ans, que je riposte.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écrie le grand-trappeur en tombant à genoux. Il pleurait comme une Madelaine, et criait : Noémie ! Noémie ! pardon ! Oh ! je n’ai pas tué ma femme !… Mon Dieu ! soyez béni !…

Messieurs, quoi de plus concluant ? La vérité se fait jour de toute part. Elle éclate, elle éblouit.

L’accusé savait bien qu’il avait tué ; mais il croyait avoir droit d’exercer cette suprême justice, car il croyait avoir subi un suprême outrage de la part de sa femme. Et qu’on ne dise pas qu’il s’est laissé tromper volontairement. Les machinations les plus habiles ont été mises en œuvre pour l’aveugler et le perdre. Il ne peut être coupable en conscience, car il était de bonne foi et sa con-