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plus ! je l’ai tuée, qu’il dit d’une voix à faire peur… et moi, ajoute-t-il, vous ne me reverrez jamais…

Quoi de plus fort que ce témoignage dans sa touchante naïveté ! Et vous le savez, la femme qui le rend, ce témoignage, est une femme digne de foi, celle-là ! et son témoignage se trouve corroboré par les dépositions du voisin chez lequel elle est accourue, le soir du meurtre, pour annoncer la triste nouvelle. Il est donc bien vrai que l’accusé, malicieusement induit en erreur, avait cru tuer sa femme infidèle. Et en effet, il disparut, comme il l’avait déclaré à la petite gardienne, et il voulut être mort pour tous ceux qui l’avait connu. Il brûla sa grange pour faire croire qu’il s’était brûlé avec elle… Pourquoi vivre, en effet, quand on a perdu, par la plus lâche des trahisons, tout ce que l’on aimait sur la terre ? Comment un homme de cœur pourrait-il, le front souillé par l’ignominie de sa femme, voir ses amis et leur sourire ? La mort est mille fois plus douce que la vie, dans ces douloureuses circonstances, la mort ou réelle ou feinte. L’accusé choisit la dernière, et, pour tous ceux qui l’avaient connu, il fut mort. Il ne choisit