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naçant maison jusqu’alors pleine de sérénité. Un jour, enfin, l’accusé trop confiant dans l’ami qui l’abuse, aveuglé de plus en plus, s’imaginant avoir sous les yeux sa femme infidèle, oublieuse de ses devoirs les plus sacrés et de la foi jurée, entre dans une de ces colères qui rugissent à bon droit dans les profondeurs d’un cœur honnête, quand un mari croit voir se consommer sa honte. Il était armé, il frappa… Il frappa et s’enfuit… Il entra dans sa maison en pleurant… Mais écoutez plutôt le témoignage naïf de la petite fille qui gardait, ce soir-là, l’enfant de Noémie : J’étais gardienne chez Letellier le soir du meurtre. J’avais alors douze ans. Madame Letellier m’avait demandé d’avoir soin de son enfant pendant qu’elle irait à confesse. Je berçais le petit sur mes genoux. Tout à coup, vers les neuf heures ou neuf heures et demie, M. Letellier entre. Il était affreusement changé. Il s’approche de l’enfant, le regarde en pleurant, le prend dans ses bras, l’embrasse et me le rend en disant : Aies-en bien soin… car il n’a plus de mère.

— Sa mère est allée à confesse, que je réponds, et il la verra demain. — Elle ne reviendra