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Mais, épuisée par ce long effort, madame Letellier s’affaissa tout à coup et fondit en larmes. On lui apporta un peu de vin et d’eau, et, quand elle se fut remise, on continua à recevoir son témoignage. Picounoc apparaissait déjà comme le plus rusé des monstres.

— Vous avez eu dernièrement la visite d’une dame Gagnon ?

— Oui, monsieur.

— Voulez-vous raconter à la cour ce qui s’est dit alors au sujet du châle de la défunte ?

— Mon fils disait : Il y a quelque chose cependant qui va embarrasser Picounoc, et qu’il expliquera difficilement : c’est le châle.

— Madame Gagnon parut surprise un peu : Est-ce qu’il l’a détruit ce châle ? demanda mon fils. — Je n’en sais rien, répondit-elle. — Ensuite elle se reprit : Il ne m’en a jamais parlé, ajouta-t-elle : Mon fils se leva vivement, ouvrit ma commode : — Il ne l’a pas détruit, Madame, le voici, dit-il, et il déplia le châle que j’avais pris pour aller à l’église, le soir du meurtre… Madame Gagnon demeura un instant sans parler, puis elle dit en balbutiant : N’est-ce pas celui de votre mère ?