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j’ai peur de Djos — c’est ainsi qu’on appelait Joseph Letellier — il a juré qu’il me tuerait… Je la consolai de mon mieux et lui répondis que ses craintes étaient vaines… que Djos n’était ni si méchant, ni si amoureux d’elle qu’elle le pensait… Cela se passait sept ou huit jours avant la fête de l’église. La veille de la fête de l’église, au soir, ma femme me demanda d’aller avec elle au jardin pour cueillir des pommes. Nous partîmes tous les deux, laissant, pour cinq minutes, notre petite fille seule dans son berceau. Rendus au jardin, nous nous dirigeâmes vers le meilleur pommier, et j’en secouai les branches pour faire tomber les pommes les plus mûres. Ma femme se mit à genoux à terre pour les ramasser à mesure que j’agitais l’arbre. Pendant qu’elle était ainsi penchée, et que j’étais occupé à secouer le pommier, l’accusé s’avança, un rondin à la main. Je ne le vis qu’au moment où, le bras levé, il abattait son bâton sur la tête de ma pauvre femme… Je poussai un cri, mais il était trop tard. Je reconnus bien Letellier ; je l’appelai par son nom, mais il était loin déjà. Je me précipitai au secours de ma femme ; elle n’avait plus besoin de secours, elle était morte. Le bâton lui avait fracassé le crâne.