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oppressa bien des âmes dans cette foule compacte qui voulait voir comment un accusé arrive à être convaincu et un crime, puni, par la prudence et la sagesse des lois. L’avocat de la Couronne s’adressant aux petits jurés, leur fit avec un soin méticuleux le récit du meurtre commis il y avait vingt ans, par le prisonnier à la barre, et l’audition des témoins commença. Picounoc, c’est-à-dire Pierre-Enoch St Pierre entra dans la « boîte » et jura, sur les Saints-Évangiles, de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. À sa vue, il y eut un long chuchotement dans l’auditoire.

— Silence ! cria l’huissier.

Picounoc fit un suprême effort pour retenir son audace qui tombait, et paraître tout à fait rassuré. Les yeux de la foule qui venaient de se fixer sur lui le brûlaient. Il courba la tête comme pour se recueillir. Il déclina son nom et ses prénoms.

— Vous connaissez l’accusé à la barre ? demanda l’avocat de la Couronne.

— Oui, monsieur, c’est Joseph Letellier.

— Vous connaissiez mieux encore Aglaé Larose sa victime ?