Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jamais ! s’écria Victor en se jetant dans les bras du grand-trappeur.

Quoi qu’il arrive, mon fils, je resterai homme et chrétien… répondit avec fermeté le prisonnier.

L’entretien fut long entre les trois amis.

Le lendemain matin, à l’ouverture de l’audience, il n’y avait pas plus de monde que la veille, dans la vaste salle, car, la veille, elle regorgeait, mais la foule anxieuse débordait jusque dans les corridors et sous le vieux portique du vieil édifice. Quand le juge fut assis dans son fauteuil surmonté, comme d’une égide, des armes royales sculptées et dorées, les grands jurés rapportèrent « accusation fondée » contre Joseph Letellier. Le greffier debout se tourna vers le fond de la salle.

— Geôlier, dit-il, faites mettre Joseph Letellier à la barre.

Un mouvement onduleux agita la salle, et tous les regards se tournèrent vers le prisonnier qui parut entre deux sergents de police. Letellier était ferme sans forfanterie et résigné sans faiblesse. Personne ne put lire ce qui se passait dans son esprit ; personne ne put voir