Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un mouvement de surprise à la vue de l’étrangère et, à sa voix, il la reconnut bien pour cette vieille hère qui l’avait si rudement traité quelques heures auparavant. Il se recula dans l’ombre et parut se distraire en bouleversant la cendre du foyer avec les pincettes. Madame Gagnon s’assit près de la table et la première elle reprit la parole.

— On m’a dit, Madame, commença-t-elle, que le bon Dieu vous envoyait une nouvelle et grande épreuve.

— On vous a dit la vérité, répond Noémie, en soupirant.

— Mais en même temps, reprit la visiteuse, on m’a parlé de votre force d’âme, de votre soumission à la volonté divine, de vos vertus admirables.

— Oh ! Madame, épargnez-moi !… Je suis une femme comme une autre, et la douleur me tue…

— Je comprends ; mais enfin vous ne murmurez pas, vous n’accusez pas le ciel.

— Et pourquoi l’accuserais-je ? et pourquoi voudrais-je murmurer ? ne sommes-nous pas