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monté une auberge fort proprette, dans une rue passante. Elle arrive, se jette à mes pieds, pleure et supplie si bien que je me laisse attendrir. Je l’embrasse et lui donne les clefs de ma maison, car il faut vous dire que je suis seul depuis longtemps : tous mes enfants sont ou mort, ou dispersés dans les États-Unis, ce qui ne vaut guère mieux. Dans la nuit, l’on me pille, le feu est mis à la maison, et ma femme disparaît pour ne plus revenir… J’étais ruiné… dans la rue… et, à mon âge, on n’a plus le courage de recommencer à vivre et à travailler… Au reste, je sais que ce serait inutile : c’est la main de Dieu qui s’appesantit sur moi…

Victor avait tressailli pendant ce court récit…

— Mon oncle, dit-il, vous resterez avec nous quoi qu’il arrive. Nous avons besoin de l’aide de Dieu pour sortir de l’abîme où nous a précipités la méchanceté des hommes ; et Dieu nous aidera, parce que nous lui sommes agréables en pratiquant la miséricorde.

— Oui, mon fils, dit Noémie, soyons miséricordieux pour obtenir miséricorde.

Le vieillard se précipita de nouveau aux