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mère a passé… et avant elle et encore mon père ! mon pauvre père !…

— Votre père ?

— Oui, mon père Joseph Letellier…

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria malgré lui le vieillard, et ses mains tremblantes passèrent sur ses paupières ridées pour en effacer les pleurs… À ce cri, Noémie se redressa frémissante.

— Connaissez-vous mon père ? demanda Victor.

Le vieillard ne répondit point. Victor renouvela sa question.

— Oui, murmura sourdement le vieillard, je l’ai connu autrefois…

— Si vous l’avez connu, écoutez-moi, je vais vous raconter ses malheurs ; vous en serez ému, et vous comprendrez notre désolation. Et Victor retraça à grands traits la vie extraordinaire de son père. Il parla de son enfance sans amour et sans soleil, pour lui et pour la petite Marie-Louise ; il rappela l’égoïsme et la cruauté d’Asselin, le tuteur et l’oncle de l’orphelin, et surtout la malice odieuse de la