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paraissait s’être répandu dans l’œil enflammé par le chagrin. L’aspect de cette douleur navrait le mendiant. Il voulait en savoir la cause et n’osait interroger personne. Noémie la première rompit un silence pénible.

— Avez-vous déjà passé par ici ? demanda-t-elle au mendiant…

— Oui, madame, répondit-il, mais il y a bien longtemps…

— Vous devez trouver la place joliment changée ?…

— Bien changée ! fit-il avec un soupir. Et, comme s’il eut redouté les questions de cette femme, il la prévint en lui demandant :

— Avez-vous encore votre mari, madame ? je n’ai vu que votre fils.

Noémie poussa un profond soupir.

— Oui, monsieur, répondit-elle…

— Est-il malade ? est-il absent ? se hâta d’ajouter le mendiant.

Noémie se laissa tomber sur une chaise, et se voilant la figure, comme pour cacher sa honte :

— Il est en prison ! Monsieur… en prison !…