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de la porte et n’osait lever les yeux sur ses hôtes.

— Je n’ai pas besoin de lit, répondit-il — et sa voix chevrotante trahissait une vive émotion — je dormirai bien là, sur votre plancher, dans un coin, si vous me le permettez.

— Nous avons un bon lit de paille au grenier, reprit le jeune homme, nous vous l’offrons avec orgueil à vous qui dormez sur le plancher, nous l’offririons sans honte aux riches accoutumés à dormir sur la plume, car nous n’en avons pas de meilleur à donner.

— Et vous avez sans doute besoin de manger ? demanda la femme.

— J’accepterai un morceau de pain, madame.

— Du pain, du beurre et du thé, c’est peu, mais enfin avec cela on s’empêche de mourir, dit la femme en apportant sur la table ces humbles aliments qu’elle annonçait.

— Approchez-vous, dit-elle au mendiant…

— Vous êtes bien charitable, madame, reprit celui-ci, et vos bonnes paroles me consolent des avanies que parfois je suis forcé de souffrir.

— Comment ! est-ce qu’il se trouve des âmes assez peu chrétiennes !… Mais en effet, mon