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pensa-t-il, est-ce que d’autres misérables auraient continué mon œuvre infâme ? Et, traversant le chemin, il alla s’appuyer sur la clôture de cèdre, les yeux toujours plongés dans le triste intérieur. La porte s’ouvrit, un jeune homme parut sur le seuil. Le mendiant ne bougea point, mais il s’appuya comme un homme qui souffre, le front dans sa main. Le jeune homme vint à lui :

— Êtes-vous malade, père ? lui demanda-t-il.

Le mendiant tressaillit à cette voix pure et sonore ; il arrêta sur son interlocuteur un regard presque suppliant. Le jeune homme répéta sa demande.

— Oh ! je souffre beaucoup, répondit le vieillard…

— Venez, entrez ! vous trouverez d’autres personnes qui souffrent aussi, et peut-être plus que vous encore… Les malheureux se doivent entre eux de la pitié.

— Mère, dit le jeune homme, rentrant suivi du mendiant, ce vieillard a peut-être besoin de quelque chose ; en tous cas, il ne peut coucher dehors, et nous avons un lit.

Le vieillard s’était assis sur une chaise près