Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et, tout en vidant le sien, il dévisageait ses nouveaux compagnons.

— Il me semble vous avoir vus déjà, dit-il.

— C’est possible, répondit Charlot, mais à coup sûr, je ne vous ai jamais vu, moi.

— Jamais ! fit le bossu en le fixant de son œil de feu.

— Du moins, répondit Charlot, je n’ai pas souvenir…

— Vous avez bien changé tous deux, depuis, reprit d’un air moqueur le bossu, et, plus heureux que le reste des mortels, vous avez rajeunis au lieu de vieillir…

Les deux vieillards se regardèrent avec inquiétude… C’est que ce soir-là ils portaient fausses barbes et perruques noires. Ils jetèrent un coup d’œil rapide dans la porte pour s’assurer que le nouvel ami était bien seul, puis, comme la timidité n’était pas de longue durée chez eux, ils reprirent leur aplomb.

— Si nous avons changé, reprit Charlot, vous avez dû changer, vous aussi, car, foi de gentilhomme, nous ne nous rappelons pas vous avoir jamais vu avec cet apanage sur le dos…