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quoi son père était tombé alors à ses genoux, et elle a peur d’en découvrir la raison ; elle veut croire encore, croire toujours à son innocence. Pendant qu’elle est plongée dans cette mer d’amertume, Picounoc l’aborde :

— Tu es assez sage, sans doute, lui dit-il brusquement, pour comprendre qu’il te faut oublier Victor ?

— Mon père, pardonnez-moi, mais je n’ai pas cette sagesse… si cet oubli toutefois est de la sagesse.

— Tous rapports entre ces gens et nous doivent cesser.

— C’est l’arrivée de M. Letellier, mon père, qui a modifié vos sentiments.

— Il a réveillé un passé que je n’avais réussi à oublier qu’avec peine, tant pis pour lui ! tant pis pour les siens !

— La miséricorde, mon père, est une belle chose, et qui n’en a pas besoin ?…

Picounoc fixa sur Marguerite un œil scrutateur.

— As-tu vu Victor ? dit-il.

— Oui, mon père…