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noble qui dominait les angoisses de sa douleur et les élans de son amour : sauver son père. Il se rendit à la prison, se fit ouvrir les portes de fer qui se ferment impitoyables sur les condamnés, et entra dans la cellule du grand-trappeur. Le noble prisonnier sourit tristement en recevant sur son front soucieux le baiser de son fils.

— Mon père, dit Victor, ma mère m’a promis d’être courageuse : elle espère et prie. C’est aussi ma coutume de recourir à Dieu avant d’entreprendre une tâche difficile, voulez-vous réciter un Pater et un Ave avec moi ?

Le prisonnier, ému jusqu’aux larmes, tomba à genoux auprès de son fils, et tous deux, les yeux levés sur une humble croix, récitèrent la prière divine.

— Et maintenant, dit Victor, racontez-moi donc vos relations avec Picounoc depuis le jour où il a commencé à souiller la réputation de ma mère.

— Mon enfant, cela est impossible. Je n’ai point pesé ses paroles alors, car nos relations étaient celles de deux intimes ; et tu vois que je ne le soupçonnais pas de trahison puisque