Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

geance mettre un sceau d’ignominie sur mon front, en accusant mon père, Victor, Victor je ne te reconnais plus ! je ne t’aime plus ! je ne veux plus te voir…

Et, épuisée par cet effort pour dire toute sa pensée à cet ami qu’elle aimait tant, elle retomba sur sa chaise et se mit à pleurer.

Victor la regarda quelques minutes avec admiration.

— Marguerite, dit-il, trouveras-tu mal qu’un enfant se dévoue pour sauver son père ?

— Pour le sauver, non ! répondit la jeune fille au milieu de ses larmes.

— Et si, pour sauver mon père, j’arrive nécessairement à perdre un autre homme ? continua le jeune avocat ; — et si cet autre homme, Marguerite, était le tien, ton père ?

— Ah ! c’est affreux, Victor, ce que tu supposes là ! tu m’accables, tu ne m’aimes donc plus ?

— Je t’aime… oui ! mais je hais ton père… parce que ton père veut tuer le mien !… et qu’il…

— Mais, ton père, à toi… ah ! c’est horrible à dire cela… ne m’a-t-il pas rendue orpheline ?