Page:LeMay - Petits poèmes, 1883.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PREMIÈRE PARTIE

I


Dans l’Acadie, au fond d’un joli petit val
Où murmure, en fuyant, un ruisseau de cristal,
Sous les bosquets, au bord de ce Bassin des Mines
Qu’inondent tour à tout et soleils et bruines,
On aperçoit encor, paisible, retiré,
Mais loin de ce qu’il fut, le hameau de Grand Pré.
Du côté du levant de beaux champs de verdure
Offraient à cent troupeaux une grasse pâture
Et donnèrent jadis au village son nom.
Pour arrêter les eaux, le vigilant colon,
À force de travail, à force de fatigues,
Éleva de ses mains de gigantesques digues
Qu’au retour du printemps il venait entr’ouvrir,
Pour laisser l’océan s’élancer et courir