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SOUFFLE RELIGIEUX



DEUS SABAOTH

On t’appelle : Dieu bon, mais aussi : Dieu vengeur.
Quand il parle de toi l’homme te rapetisse.
S’il vante ta clémence il arme ta justice,
Et te prête parfois le bras d’un égorgeur.

Ne sent-il pas son front se couvrir de rougeur,
Quand il peint tes arrêts comme empreints de malice ?
Ne te point posséder n’est-ce pas un supplice ?
Et quel feu brûle donc comme un remords rongeur ?

N’es-tu pas le seul bien ? Qu’importe donc le reste ?
Tu puniras le mal, ta parole l’atteste,
Et nier un enfer ce serait blasphémer.

Mais j’attends sans effroi le tourment de sa flamme,
Car le ciel est partout où peut s’envoler l’âme,
Et l’enfer, nulle part, lorsque l’on veut t’aimer.