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SUR LES EAUX



AU LARGE


L’ancre est levée. Il vente. Au large le chaland
Qui dormait sur les eaux depuis une huitaine !
La voile qui se gonfle et fait plier l’antenne
Semble, dans sa blancheur, l’aile d’un goéland.

Le vaisseau tangue et berce, et son essor est lent.
Le port est éloigné, l’arrivée, incertaine.
La mer a ses secrets ; mais le vieux capitaine
Sait la scruter encor’ de son œil vigilant.

Tout là-bas, sur l’écueil qui geint comme une enclume,
Avec la vague sombre et les flocons d’écume,
On entend se briser la chanson des marins.

La vie est une mer souvent bouleversée,
Et les hommes s’en vont — éternels pèlerins —
Chantant avec les vents pendant la traversée.