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SONNETS RUSTIQUES



LE LABOURAGE


Les chevaux et les bœufs, piqués par l’aiguillon,
Dans les champs reverdis promènent la charrue.
On entend, tout le jour, crier : dia ! crier : hue !
Et le sillon s’allonge à côté du sillon.

L’air attiédi s’irise au vol du papillon
Qui cherche vainement une fleur disparue.
Le moineau, fatigué du dîner de la rue,
Vole se régaler d’un ver ou d’un grillon.

Sous le labour fumant qu’un chaud rayon caresse,
Insectes comme fleurs ont leur anxiété,
Et meurent tout à coup dans la première ivresse.

C’est le prix des moissons que va mûrir l’été.
Nul n’y songe peut-être, et nul ne s’en effraie,
Toute vie est, hélas ! un bien que la mort paie !