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SONNETS RUSTIQUES



FEU DE FORÊT


C’est la nuit. Le couchant a l’éclat d’un brasier ;
On dirait le retour d’un sanglant crépuscule.
A travers la forêt l’épouvante circule,
Et l’on croirait entendre éclater l’obusier.

Tout brûle sur le sol, chêne comme arbousier.
La tête vers le ciel, en haut d’un monticule,
Le fauve jette alors, au torrent qui l’accule,
Les hurlements plaintifs de son rauque gosier.

Fumée en orbes noirs, tourbillons d’étincelles,
Sinistres craquements, plaintes universelles,
C’est le chaos, la fin, et rien ne restera.

Erreur ! là même, un jour, uniront leurs prières
Oiseaux et moissonneurs, vergers, fleurs ou bruyères,
Car rien n’éteint la vie, et ce qui fut sera.